La Chambre américaine des représentants a adopté ce jeudi une proposition de loi exigeant une preuve de citoyenneté pour l’inscription sur les listes électorales ; un cheval de bataille de Donald Trump que des associations dénoncent comme un obstacle au droit de vote pour des millions d’Américains.
Le texte, intitulé «SAVE Act», «interdit aux États d’accepter et de traiter une demande d’inscription pour voter dans une élection fédérale à moins que le requérant ne présente une preuve par document de citoyenneté américaine». La proposition de loi se dirige à présent vers le Sénat, où malgré la majorité républicaine, il est presque voué à l’échec en raison des règles parlementaires américaines.
Des contrôles renforcés sur les listes électorales
Seuls les citoyens américains sont autorisés à participer aux élections fédérales, mais la présentation de tels documents n’est pas requise pour voter dans tous les États – certains utilisant d’autres méthodes pour vérifier l’identité des électeurs. Donald Trump, qui n’a jamais reconnu sa défaite à l’élection présidentielle de 2020, a affirmé sans fondement à de multiples reprises que les démocrates trichaient aux élections en laissant voter des milliers de migrants sans-papiers.
Fin mars, le président républicain avait notamment signé un décret exécutif visant à imposer aux États américains des contrôles renforcés sur les listes électorales et à restreindre le vote par correspondance. Les démocrates s’opposent au «SAVE Act» car il pose selon eux des obstacles trop importants à l’inscription sur les listes électorales.
«De nouveaux obstacles considérables»
L’élu Mark Pocan a ainsi résumé que les électeurs auraient désormais besoin soit d’un passeport, «que plus de la moitié des Américains ne possédent pas et qui coûte au moins 130 dollars», soit d’un certificat de naissance avec le patronyme actuel, «que près de 70 millions de femmes mariées n’ont pas», soit de documents militaires. Le démocrate a dénoncé une loi digne selon lui de celles datant de la ségrégation. Pour la puissante association ACLU de défense des droits civiques, «cette législation ajoute de nouveaux obstacles considérables à l’exercice du droit fondamental de voter, sur la base de peurs infondées d’un vote important de non-citoyens».
Selon une étude du Centre Brennan pour la justice de l’Université de New York, plus de 21 millions de citoyens américains n’ont pas un accès aisé aux documents requis pour s’inscrire sur les listes électorales. «Le +SAVE Act+ serait l’une des pires lois électorales dans l’histoire parlementaire» des États-Unis, avait dénoncé en janvier le président du Centre Brennan, Michael Waldman.