Dans une vidéo publiée, samedi 7 juin, sur Konbini, l’ancien top model et actrice française de 45 ans livre un témoignage bouleversant sur son addiction à l’alcool.
Elle le déclare calmement, face à la caméra. Au-delà des projecteurs, l’ex-mannequin star des années 2000 et actrice française Noémie Lenoir pose des mots rares sur une réalité encore tue : la dépendance à l’alcool chez les femmes. Elle aussi a été victime de ce mal silencieux et le raconte aujourd’hui à nos confrères de Konbini dans une vidéo diffusée ce samedi 7 juin.
L’alcool entre dans sa vie alors qu’elle n’a que 19 ans, de manière presque anodine. «C’était festif, c’était juste des soirées entre potes», se souvient Noémie Lenoir. Comme beaucoup de jeunes adultes, elle l’expérimente dans un contexte social, sans mesurer les risques. Mais le basculement s’opère insidieusement. «Le jour où je me suis rendu compte que ce n’était plus normal, c’est quand j’étais seule à la maison et que j’ouvrais mes bouteilles de rosé», raconte-t-elle.
Aujourd’hui âgée de 45 ans, l’actrice évoque sans détour les origines de sa dépendance et de l’environnement familial fragilisé dans lequel elle a grandi. «J’avais un papa alcoolique, une maman qui était en dépression», confie-t-elle. Autant de raisons qui l’ont poussée «à se battre contre ça», dit-elle, et à se tourner vers l’alcool comme anesthésiant à sa douleur.
L’isolement de la dépendance
L’engrenage de la dépression s’enclenche à 28 ans. Jusqu’à un épisode dramatique en 2010, qu’elle évoque sans fard : une tentative de suicide qui marquera un tournant. «Je suis sortie de là et je me suis dit, je suis alcoolique. Je me détestais», résume-t-elle. À l’époque, ce mal-être s’alimente avec l’isolement que génère l’addiction. «Je n’avais personne pour parler», avoue la quadragénaire. Alors plutôt que de chercher de l’aide, l’ex-modèle se rappelle avoir préféré «traîner avec des gens qui buvaient comme (elle)».
L’incompréhension de ses proches face à l’alcoolisme transparaît également dans ses mots. «On va dire (à une personne alcoolique) “vas-y, c’est bon, aie un peu de volonté”, “arrête, ce n’est pas si compliqué d’arrêter”». Ces injonctions bien intentionnées mais vaines, Noémie Lenoir les démonte une à une. «Tenir dans l’alcool, c’est quoi ? Tenir, c’est serrer les dents. C’est dire “non” encore et encore. Mais ce n’est pas ça, en fait», dément-elle.
Vers la reconstruction
Pour elle, c’est la rencontre avec un psychologue à 33 ans qui marquera le début d’un long processus de reconstruction. «On a commencé à poser des mots, on a commencé à revisiter les silences», explique-t-elle. Un travail thérapeutique qui lui fait comprendre que la guérison ne peut venir que de l’intérieur. «Il fallait que je cherche en moi cette force pour m’en sortir», assure Noémie Lenoir.
Si l’actrice reste encore discrète sur son parcours actuel, elle laisse entendre que ce suivi psychologique continue de l’aider dans son combat quotidien contre l’alcool. «Aujourd’hui, on me dit “ça va ça fait longtemps que tu n’as pas bu”», rapporte-t-elle, faisant ainsi référence à son engagement envers l’abstinence sans pour autant détailler la date d’origine.
Cette prise de parole intervient dans le cadre du festival «C’est qui la boss ?», événement parisien dédié à l’ambition féminine. Avec elle, la quadra espère faire passer un message de santé publique. «Aujourd’hui, moi en tant qu’alcoolique, j’ai envie de dire aux gens qui sont alcooliques qu’ils ne sont pas seuls», témoigne-t-elle. Avant d’ajouter : «Je suis alcoolique et je le serai toute ma vie. Et ce n’est pas une honte, ce n’est pas une fierté non plus, mais c’est une maladie».