A quelques jours du marathon de Paris, le 13 avril, la tension monte. Non pas à propos de la motivation des 55.000 participants prêts à avaler les 42,195 kilomètres de l’emblématique course. Mais à cause du comportement de certains coureurs qui ont l’habitude… de cracher à terre. « Dans mon quartier, il y a souvent des crachats à terre, en plus des crottes de chien. C’est vraiment dégueulasse, j’ai toujours peur de marcher dedans et de ramener ça à l’appartement », s’émeut Clarisse, habitante au sud de Paris.
Car cracher quand on court, c’est tout une problématique. Avec l’effort, la production de mucus dans les voies respiratoires augmente. D’où l’envie de se racler la gorge… et de cracher ces sécrétions. Si l’on est un peu malade, ces dernières peuvent devenir plus abondantes, changer de couleur ou de texture. Des modifications, précise Santé Magazine, « généralement liées à une infection virale ou bactérienne. Les glaires peuvent alors être plus ou moins épaisses et visqueuses et prendre une couleur plutôt verdâtre ou jaunâtre. ».
Quatorze mois de prison ferme pour des crachats
Mais alors, ce comportement jugé gênant, incivil, et risquant de transmettre des maladies est-il autorisé ? La réponse dépend de l’endroit où atterrira l’expectoration. Rappelons que cracher sur quelqu’un, et a fortiori sur les forces de l’ordre, n’est pas permis. En 2023, un habitant de Kourou, en Guyane, qui avait craché sur des gendarmes en se vantant d’être atteint par le Covid-19, a été jugé pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et condamné à quatorze mois de prison ferme, rapporte le journal de la gendarmerie.
Dans les espaces et véhicules affectés au transport public de voyageurs ou de marchandises, comme le train ou le métro, il est aussi interdit de cracher, selon l’article R2242-7 du Code des transports, sous peine d’amende. Dans les espaces accueillant du public, comme les piscines, les centres de formation ou les écoles, le règlement intérieur fixe les règles, et mentionne généralement l’interdiction.
La règle… et la pratique
Et dans la rue ? Tout dépend si votre commune a pris, ou non, un arrêté municipal interdisant la pratique. En août 2009, et afin de limiter la propagation de la grippe H1N1, le maire de Coulaines, dans la Sarthe, avait édicté un arrêté municipal interdisant les crachats sur la voie publique. La mesure avait fait un flop, rapporta Ouest-France l’année suivante, aucun procès-verbal n’ayant été dressé par la police chargée de faire respecter la mesure. Ce qui n’avait pas découragé le maire Christophe Rouillon de signer, en mars 2020, un nouvel arrêté municipal interdisant la pratique.
En pleine pandémie de Covid-19, plusieurs communes avaient pris le même arrêté, comme Marcq-en-Barœul (Nord), ou Le Raincy, ville de Seine-Saint-Denis où habite toujours Jérémy. « Quand je pars courir, non, je n’avale pas. Et oui, je crache, raconte le jogger à 20 Minutes. Ce n’est pas tous les jours, ni partout. J’essaie de ne pas le faire en plein milieu du trottoir, mais dans la pelouse ou le sentier pas très loin de chez moi ». Et quand quelqu’un est à proximité ? « J’attends un peu, pour ne pas le faire juste devant les gens », précise le jeune homme, un peu gêné.
Quant à Clarisse, la « Parisienne par défaut » fait de ce comportement jugé dégoûtant un motif, parmi beaucoup d’autres, pour déménager de la capitale vers sa Bourgogne natale. « Après le confinement [de 2020], je m’étais dit que j’allais partir de Paris, raconte la trentenaire. J’ai mis du temps, mais maintenant, ça y est. Plus d’espace, et moins de cons ».