DÉCRYPTAGE – La tentative du PS de renverser le gouvernement après l’échec du conclave sur les retraites n’a pas abouti, mardi soir.
La montagne a accouché d’une souris. Ce mardi après-midi, à l’Assemblée nationale, la motion de censure défendue par les députés socialistes après l’échec du conclave sur les retraites a échoué à renverser le gouvernement, avec seulement 189 voix sur les 289 qui auraient été requises pour son adoption. Seuls les députés de gauche – socialistes, communistes, écologistes et Insoumis – ont finalement voté le texte, boudé par les oppositions du Rassemblement national et de l’Union des droites pour la République (UDR) d’Éric Ciotti.
Cela faisait déjà plusieurs jours que tout suspense était enterré, après que le RN, par ses principaux lieutenants, avait précisé qu’il ne risquait pas de voter cette censure en dépit de son opposition à la dernière réforme des retraites, adoptée dans la douleur en 2023. « Quel est le bénéfice pour les Français ? Zéro. La gauche fait croire que si on vote la motion on retournera à l’ancien âge légal de départ à la retraite. C’est un mensonge. On ne ment pas aux Français : cette censure n’apporte rien », a d’ailleurs persisté Marine Le Pen, salle des Quatre Colonnes, mardi matin.
Lors des débats, la députée socialiste Estelle Mercier a accusé le premier ministre de « se déshonorer » en rompant sa promesse de présenter quoi qu’il arrive un texte de loi à l’issue du conclave sur les retraites. « Vous n’avez eu de cesse de saboter toutes les initiatives de compromis », a-t-elle affirmé, lui reprochant d’avoir « fragilisé durablement la démocratie sociale » et « trahi la parole donnée aux députés et aux Français ». Un discours de censure prononcé devant seulement une trentaine de députés socialistes sur les soixante-six composant le groupe PS. « C’est révélateur du fait qu’aucun d’entre nous ne croyait à cette censure », raille un élu du groupe.
«Irrépressible envie de censurer votre gouvernement»
Sans surprise, tous les groupes de gauche se sont montrés très critiques de l’action du premier ministre, annonçant à tour de rôle voter ce texte de censure du gouvernement. « Si nous sommes ici, c’est parce que nous avons fait le serment solennel d’abroger la réforme des retraites à 64 ans », a par exemple introduit le député écologiste Benjamin Lucas-Lundy, avouant une « irrépressible envie de faire tomber ce gouvernement pour l’ensemble de son œuvre ». Des prises de position critiquées au sein du bloc central, regrettant une énième tentative de censure. « Vous êtes en train de lasser les Français. N’avez-vous pas appris des conséquences de la censure du gouvernement Barnier ? », a notamment taclé le LR Thibault Bazin.
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Le premier ministre, lui, s’est ouvertement moqué des socialistes, leur délivrant non sans ironie un « certificat d’opposition, de révolte, de sanction, d’accusation, de mise en cause et de dénonciation perpétuelle et continue ». Et leur renvoyant la balle sur la supposée absence de texte à l’issue des concertations entre partenaires sociaux. « Le problème, c’est qu’il y aura un projet de loi, que je l’ai officiellement confirmé, reprenant les avancées nombreuses et significatives du travail du conclave. Vous vous retrouvez le bec dans l’eau, ce qui, par les temps de canicule que nous vivons, peut avoir des aspects rafraîchissants », a-t-il ironisé.
Un discours prononcé devant un nombre très réduit de députés du bloc central et en l’absence de Gabriel Attal, le président du groupe Ensemble pour la République. Et sous le regard attentif de Marine Le Pen comme de Laurent Wauquiez. « Quand on voit le manque de soutien envers Bayrou dans son propre camp, on se dit qu’on n’a pas besoin d’avoir d’ennemis », critique un haut gradé Renaissance.