Coup de tonnerre à Madrid ! Les députés espagnols ont rejeté mardi le plan d’urgence du gouvernement de Pedro Sánchez destiné à éviter une nouvelle méga-panne électrique comme celle qui avait plongé la péninsule ibérique dans le noir le 28 avril dernier. Un revers politique majeur pour l’exécutif de gauche, pris entre l’opposition farouche du Parti populaire (PP) et le rejet des partis des extrêmes.
Adopté en Conseil des ministres le 24 juin, le décret-loi entendait renforcer la résilience du réseau électrique national face aux défaillances systémiques révélées par la panne d’avril, qui avait laissé l’Espagne (et une partie du Portugal) sans électricité pendant près de dix heures. Mais ce texte n’a recueilli que 165 voix favorables contre 183 votes défavorables au Congrès des députés. Le gouvernement a donc été battu, faute de majorité, notamment à cause du PP qui a choisi de voter contre alors qu’une abstention aurait suffi à sauver le plan.
Un échec total pour l’exécutif
Depuis Montevideo, où il est en déplacement, Pedro Sánchez avait anticipé l’échec et promis de revenir à la charge : « Je vous prédis qu’il sera voté », a-t-il lancé à la presse quelques heures avant le scrutin. Pour le chef du gouvernement, l’enjeu était double : protéger le pays contre un nouveau chaos énergétique et prouver sa capacité à gouverner malgré un parlement fragmenté.
Le texte rejeté prévoyait plusieurs mesures techniques : renforcement de la supervision du réseau, amélioration des capacités de contrôle de la tension, amortissement des oscillations électriques, incitations au stockage de l’électricité (notamment via des batteries) et assouplissement des délais pour le développement de projets éoliens et photovoltaïques. « Il s’agissait de rendre notre système électrique plus robuste et efficace », avait justifié la ministre de la Transition écologique, Sara Aagesen.
« Un pansement sur une plaie mal soignée »
Mais pour l’opposition de droite, ce plan n’était qu’un pansement sur une plaie mal soignée. « Nous n’approuvons pas la politique énergétique de ce gouvernement, ni ce soi-disant plan anti-pannes qui vise surtout à masquer ses erreurs », a accusé le député du PP Guillermo Mariscal. Malgré des pressions intenses des grandes compagnies d’électricité, le PP a refusé d’offrir une victoire à Pedro Sánchez, avec qui il entretient des relations particulièrement tendues.
Le rapport officiel publié le 17 juin par le gouvernement a confirmé que la panne du 28 avril avait été causée par des « surtensions » ayant déclenché une « réaction en chaîne ». Il pointait également des erreurs de gestion du gestionnaire du réseau électrique ainsi que de certaines entreprises du secteur. Pedro Sánchez devra désormais revoir sa copie pour convaincre une majorité d’élus d’adopter ce texte stratégique, qui engage non seulement l’avenir énergétique de l’Espagne mais aussi la crédibilité de son gouvernement.