Une femme qui fait la fête en ne se préoccupant pas de l'excès d'alcool ou de cigarette consommé.Selon l’OMS, plus de 80 % des maladies cardiovasculaires pourraient être évitées en agissant dès la quarantaine sur le tabac, l’alcool, l’alimentation et l’activité physique. © Adobe Stock

Pendant la jeunesse, l’organisme joue souvent le rôle de tampon. Fumer un paquet, boire trop d’alcool ou négliger son sommeil n’ont pas d’effets immédiats visibles. Mais cette marge de manœuvre n’est pas éternelle.

Une équipe de chercheurs de l’université de Jyväskylä (Finlande) a suivi 326 personnes nées en 1959 de l’enfance jusqu’à 61 ans. Leurs résultats, publiés en 2025 dans Annals of Medicine, montrent que dès 36 ans, la mécanique change.

La tension artérielle grimpe, le tour de taille augmente, le cholestérol et les marqueurs inflammatoires s’installent. Autrement dit, le corps ne parvient plus à compenser les excès, et ces signaux silencieux deviennent les prémices de pathologies lourdes : infarctus, AVC, diabète, cancers ou encore dépression.

Quand le corps perd sa capacité de réparation Les chiffres français qui confirment l’alerte

En France, la réalité statistique fait écho à ces conclusions. Le tabac reste la première cause de mortalité évitable avec environ 75 000 décès par an, selon Santé publique France. Après des progrès notables entre 2014 et 2019 (le tabagisme quotidien est passé de 25 % à 18,5 % chez les adultes, selon la DREES), la tendance s’est récemment stabilisée, en particulier chez les 35-49 ans, une tranche où l’arrêt devient plus difficile et les effets plus lourds.

Du côté de l’alcool, la cohorte Constances de l’Inserm révèle qu’une consommation à risque élevé touche déjà près de 6 % des hommes et 2 % des femmes entre 18 et 35 ans. Passé 36 ans, ces habitudes accroissent fortement les risques de maladies chroniques du foie, de cancers et de troubles cognitifs.

Quant au stress et à la sédentarité, ils s’imposent comme des fléaux silencieux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 150 minutes d’activité physique modérée par semaine. Or, près de 40 % des Français n’atteignent pas ce seuil après 35 ans, selon Santé publique France. Alors, le risque de diabète de type 2, d’hypertension et d’obésité s’envole.

Pourquoi cette décennie est-elle décisive ?

Les maladies chroniques ne surgissent jamais du jour au lendemain. Elles se construisent dans l’ombre, alimentées par des années d’excès. Ce qui change entre 36 et 46 ans, c’est que le corps franchit un seuil biologique. Les mécanismes de réparation cellulaire et métabolique s’essoufflent. Là où l’organisme “rattrapait” les erreurs à 25 ans, il commence à les enregistrer durablement à 40.

Un fumeur qui arrête avant 30 ans retrouve une espérance de vie proche de celle d’un non-fumeur. Mais après 36 ans, le risque de mortalité reste significativement plus élevé, même en cas de sevrage.

Passé 36 ans, faut-il céder au fatalisme ?

La réponse est non. Tout n’est pas perdu passé 36 ans. Arrêter de fumer, réduire sa consommation d’alcool, adopter une alimentation équilibrée, pratiquer une activité physique régulière, mieux dormir et apprendre à gérer son stress peuvent encore transformer le pronostic.

Les bénéfices sont visibles parfois en quelques mois : 

  • baisse de la tension artérielle, 
  • perte de poids, 
  • diminution du risque cardiovasculaire, 
  • regain d’énergie 
  • et amélioration du moral. 

Alors, oui, entre 36 et 46 ans, nos choix de vie comptent double. Mais cette période représente une véritable fenêtre d’opportunité pour préserver sa santé future. Loin d’être un couperet, ce constat peut être une chance : celle de reprendre la main, à un âge où il est encore possible d’agir efficacement.

À SAVOIR

Selon l’Assurance Maladie, arrêter de fumer avant 40 ans permet de réduire de 90 % le risque de décès lié au tabac par rapport à une poursuite du tabagisme.

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