Situé à Yeovil, dans le comté britannique du Somerset, le Somerset Reindeer Ranch est ouvert au visiteurs, venus rencontrer ses rennes et les nourrir, depuis quatorze saisons. Durant ces années, l’éleveuse Sarah Sutton a vécu un véritable rêve éveillé dans sa ferme pittoresque.
Mais en ce mois de décembre, le conseil municipal vient de classer les cervidés dans la catégorie « animaux sauvages », et demande à leur maîtresse d’envisager des démarches administratives d’envergure si elle souhaite continuer ses activités.
Pour poursuivre l’aventure, Sarah Sutton devra obtenir une licence de zoo, requise en cas de détention d’animaux sauvages, qui implique également la mise en place de lourdes mesures de sécurité. Ainsi, les Sutton devront installer des armes à feu, des tranquillisants et d’autres équipements, conformément aux règles édictées. Le coût global de l’opération, en plus du document vendu pour 3 100 euros, avec des frais de renouvellement autour de 3 000 euros tous les quatre ans, pourrait à lui seul faire baisser le rideau de l’exploitation, craignent-ils.
Si l’éleveuse ne répond pas à ces exigences, elle devra abattre son troupeau: « Je ne peux pas me permettre de nourrir ces animaux sans que les gens viennent. C’est une mesure excessive. Cela va nous conduire à la ruine », dénonce Sarah Sutton auprès du Telegraph, lundi 8 décembre.
Des animaux qui n’ont jamais causé d’incident
L’éleveuse a déjà décommandé des « expériences », programmées pour 2026 auprès de particuliers ou d’écoles, en raison des incertitudes autour de sa ferme.
L’incompréhension est totale. D’autant que les dix rennes, habitués à la présence humaine depuis plus d’une décennie, n’ont jamais posé le moindre problème au public. « Ils ont le tempérament d’un chien croisé avec un poney », explique Sarah Sutton. Classer Dasher, Dancer, Harry, Aurora ou encore Camilla comme « sauvages » est pour elle « absurde ».
Pourtant, le département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra) répertorie les rennes parmi les animaux sauvages, car ils ne sont « généralement pas domestiqués » au Royaume-Uni, en vertu de la loi de 1981 sur les licences des zoos.
Quelles règles en France ?
En France, le renne d’Europe (Rangifer tarandus) figure dans la liste des animaux domestiqués, selon les dispositions des articles R. 411-5 et R. 413-8 du code de l’environnement. Cela dit, ce statut ne supprime pas le fait qu’il existe des populations sauvages de rennes — et celles-ci, si elles étaient détenues en France, seraient soumises à la réglementation sur les « espèces non domestiques / faune sauvage ».
Une plainte fait rouvrir le dossier
Il est toutefois précisé que les décisions individuelles relatives à ces licences relèvent de la compétence des conseils municipaux, qui doivent tenir compte « des circonstances propres à chaque cas ».
Si, auparavant, Sarah Sutton était autorisée à exercer son activité avec une licence spéciale pour les animaux, une réévaluation de la législation à six jours par an d’activités publiques sans licence et une plainte à l’encontre des événements organisés au ranch a poussé le conseil du Somerset à se pencher à nouveau sur ce dossier.
Les Sutton, autorisés à maintenir leurs activités jusqu’à la nouvelle année, ont reçu le soutien de la députée locale Sarah Dyke, qui a promis de présenter un projet de loi au Parlement pour que les rennes domestiqués ne soient plus considérés comme des animaux sauvages.