La gauche syndicale et partisane rêve d’un «1er-Mai de masse», dans un contexte économique et social marqué par un chômage en forte hausse et une industrie fragilisée.
La date est cochée depuis longtemps dans l’agenda de Jean-Luc Mélenchon qui, en stratège éprouvé, a coutume de dire que la politique est affaire de calendrier. Devant ses troupes, l’Insoumis expliquait récemment que le 1er-Mai constitue «le symbole le plus puissant de la mobilisation du peuple dans ce pays», appelant les cadres de son mouvement à battre le rappel partout dans le pays. «Le 1er-Mai, vous devez vous mobiliser, le ban, l’arrière-ban, le cousin, le voisin, le grand-père, la grand-mère, tout le monde», lançait-il, avant d’encourager à «un 1er-Mai de masse, et on pourrait dire de classe».
Quelques jours plus tard, lors d’une manifestation place de la République, à Paris, le principal lieutenant Insoumis, Manuel Bompard, enfonçait le clou. «J’appelle tout le monde à ce que nous soyons des centaines de milliers partout en France», a-t-il déclaré sous l’acclamation de la foule. La France Insoumise, par la voix de son fondateur, a mis trois mots d’ordre en avant : «C’est un 1er-Mai contre l’extrême droite, c’est un 1er-Mai contre la guerre sociale, c’est un 1er-Mai pour la paix». Un propos qu’il martèlera sans doute de nouveau lors de sa prise de parole, prévue en début d’après-midi, depuis le camion Insoumis qui défilera dans le cortège parisien.
Dunkerque au cœur de la mobilisation
La chorégraphie est habituelle. Théoricien de la «révolution citoyenne», qui déborde largement dans son principe du cadre strict de la politique, Jean-Luc Mélenchon s’est de longue date approprié le terrain des syndicats, notamment la «journée internationale des travailleurs», qui place historiquement les organisations de défense des intérêts professionnels en première ligne. Le principe de séparation claire entre les partis politiques et les organisations de travailleurs, qui prévalait au siècle dernier au titre de la charte d’Amiens, est contesté par le leader de la gauche radicale. Au point que les relations entre LFI et les syndicats sont pour le moins compliquées, y compris avec la CGT.
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Reste que les mots d’ordre de la CGT, de Solidaires et de FSU, les trois syndicats contestataires à l’initiative des 250 manifestations qui auront lieu partout en France, ressemblent beaucoup à ceux des mélenchonistes : «Pour la paix, nos retraites et nos salaires», ou encore «contre la trumpisation du monde et l’internationale réactionnaire qui se développe partout». Tandis que l’année dernière, le 1er-Mai avait mobilisé 121.000 personnes au total – selon les chiffres du ministère de l’Intérieur -, les syndicats espèrent dépasser cette jauge dans un contexte économique et social marqué par un chômage en forte hausse et une industrie française fragilisée.
Si le communiste Fabien Roussel a décidé de faire bande à part à Valenciennes, comme Jean-Luc Mélenchon qui restera à Paris, de nombreux responsables politiques de gauche ont choisi de se rendre ensemble à Dunkerque, dont les députés Insoumis Aurélie Trouvé et Aurélien Lecoq. C’est dans cette ville portuaire du Nord que le géant de l’acier ArcelorMittal a annoncé il y a quelques jours la suppression de plus de 300 postes, soit la moitié des effectifs concernés par un vaste plan social du groupe en France. Aux côtés des salariés du sidérurgiste défileront notamment le premier secrétaire du PS Olivier Faure, la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, le député ex-Insoumis François Ruffin, ou encore les deux présidents de groupes parlementaires socialistes, Boris Vallaud et Patrick Kanner.