Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, estime que le texte sur l’aide à mourir, qui sera débattu à partir de lundi à l’Assemblée nationale, est « profondément déséquilibré », alors qu’il est notamment défendu par sa collègue de la Santé au gouvernement, Catherine Vautrin.
Ce texte « fait sauter tous les verrous. Ce n’est pas un texte d’apaisement, c’est un texte de rupture anthropologique », affirme au Journal du dimanche, Bruno Retailleau à propos de la proposition de loi déposée par Olivier Falorni.
« Notre société a besoin de soins palliatifs »
« S’il était voté en l’état, il deviendrait plus facile de demander la mort que d’être soigné », dénonce le ministre Les Républicains, parlant d’un texte qui « est celui du renoncement, de l’abandon ».
Fin avril, les députés ont approuvé la proposition de loi en commission des Affaires sociales pour permettre à des malades avec une « affection grave et incurable » qui « engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale » et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s’administrer une substance létale.
« Je me battrai, parce que notre société a besoin de soins palliatifs, pas d’une légalisation de l’euthanasie », prévient Bruno Retailleau dans le JDD.
Une aide à mourir « essentielle pour celles et ceux dont la souffrance ne peut être soulagée »
Catherine Vautrin a estimé pour sa part le mois dernier que l’ouverture d’une aide à mourir est « essentielle pour celles et ceux dont la souffrance […] ne peut être soulagée », assurant que cela n’ouvre pas « une rupture anthropologique » en raison des multiples conditions fixées.
Dans un avis, la Haute Autorité de santé a jugé « impossible », faute de consensus médical, de déterminer qui pourrait bénéficier d’une aide à mourir en se basant sur un pronostic vital engagé « à moyen terme » ou sur une « phase terminale » de maladie, mais elle suggère de prendre en compte « la qualité du reste à vivre » de la personne.
Le texte sur la fin de vie a été scindé en deux propositions de loi, l’une sur l’aide à mourir et l’autre, beaucoup plus consensuelle, sur les soins palliatifs.