Donald Trump a remporté jeudi un succès politique majeur avec l’adoption d’une vaste réforme budgétaire, première grande victoire législative de son second mandat. Arrachée au terme de négociations sous haute tension au Congrès, cette loi de 869 pages entérine une série de baisses d’impôts, un durcissement des politiques sociales et une réorientation massive des dépenses publiques, notamment vers la défense et la lutte contre l’immigration.
Adopté de justesse par le Sénat mardi, le texte a finalement été validé jeudi à la Chambre des représentants par 218 voix contre 214. Cette « One Big Beautiful Bill », selon l’expression du président, sera promulguée vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, à 16h (22h à Paris). « VICTOIRE », a immédiatement clamé la Maison-Blanche sur X, saluant une réforme jugée cruciale pour mettre en œuvre les promesses de campagne du chef de l’Etat.
Une réforme au goût amer pour les plus fragiles
Au cœur du projet : la prolongation des baisses d’impôts massives initiées lors du premier mandat de Donald Trump, l’exonération totale des pourboires pour les travailleurs, mesure symbolique pour la base électorale du président, et une hausse des budgets militaires. En parallèle, les républicains ont imposé des coupes drastiques dans les programmes sociaux emblématiques de l’ère Biden, dont le Medicaid (l’assurance santé des Américains aux faibles revenus) et le principal dispositif d’aide alimentaire fédéral.
Les crédits en faveur des énergies renouvelables, instaurés par l’administration précédente, sont également largement supprimés. Cette orientation ultralibérale inquiète une partie de la majorité elle-même. Le républicain Keith Self, initialement réticent, a fini par soutenir le texte après avoir exprimé ses doutes : « Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale. »
Une adoption sous pression et dans la division
Pour faire passer la loi, la Maison-Blanche a dû exercer une pression intense sur les élus récalcitrants. Donald Trump a personnellement appelé plusieurs membres de son camp jusque tard dans la nuit, selon le président de la Chambre Mike Johnson. Mercredi soir, agacé par les lenteurs, le président s’est emporté sur Truth Social : « Qu’est-ce que les républicains attendent ? »
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La mobilisation des démocrates, pourtant minoritaires dans les deux chambres, n’a pas suffi à bloquer le texte. Mais elle a permis d’en retarder l’adoption. A la Chambre, le chef de file Hakeem Jeffries a tenu un discours fleuve de près de neuf heures, un record, pour dénoncer une « monstruosité répugnante » qui « fera souffrir les Américains ordinaires ». Le vote final, repoussé au lendemain, s’est conclu dans un climat électrique. A l’annonce du résultat, les cris de « USA, USA, USA ! » ont retenti.
Un coût budgétaire colossal
La principale pierre d’achoppement reste le coût de cette réforme. Selon le Bureau budgétaire du Congrès, le texte devrait alourdir la dette fédérale de plus de 3.400 milliards de dollars d’ici 2034. Une projection qui embarrasse une frange conservatrice traditionnellement attachée au sérieux budgétaire.
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Pour les opposants, ce plan budgétaire est non seulement fiscalement risqué, mais aussi profondément injuste. « 17 millions de personnes viennent de perdre leur assurance santé », a fustigé sur X le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom. L’ancien président Joe Biden a lui aussi dénoncé une loi « pas seulement irresponsable, mais cruelle », citant les « grandes baisses d’impôts pour les milliardaires » et les reculs sociaux. Sur X, Barack Obama s’était également inquiété de la situation de millions d’Américains si cette loi était votée.