Après
la mort de Mathis
, 19 ans, percuté à Lille par un conducteur
qui aurait inhalé du protoxyde d’azote, l’interdiction du
protoxyde d’azote
s’invite dans le débat public. Laetitia
Polart, la mère du jeune homme, a accordé une interview au Parisien, dans laquelle elle
demande que « consommer et acheter ce produit devienne
clairement illégal ». Elle poursuit : « La loi doit changer,
pas pour nous. Pour nous, c’est trop tard. Mathis n’est plus
là ».

Interdiction du protoxyde d’azote : ce que dit la loi au
volant

Sur la route, la consommation récréative de ce gaz dit hilarant
expose à des comportements à risque. « On dénombre 50 morts par
an dans des accidents de la route causés par un conducteur qui
avait consommé du protoxyde d’azote », témoigne Amandine
Scattarreggia, secrétaire départementale de la Ligue contre la
violence routière, auprès du Figaro. La conduite sous proto
met face à un vide juridique.

En effet, aujourd’hui, « aucune disposition du Code de la
route ne permet à ce jour de sanctionner pénalement la conduite
sous l’effet de ce produit », déclare Maître Antoine Régley,
avocat des parents de Mathis au Parisien. La loi ayant créé
l’homicide routier a été pensée pour inclure toutes les victimes,
mais son application concrète dépend des circonstances des faits et
des qualifications retenues par les magistrats.

Autre problème : Les effets euphorisants du protoxyde d’azote ne
persistent que quelques minutes, et il devient indétectable dans
l’organisme après une demi-heure. Une solution similaire aux
éthylotests pour l’alcool et aux tests salivaires pour les drogues
est en cours d’examen et d’essai en Belgique et au Danemark depuis
plusieurs mois, mais elle n’est pas encore approuvée en France.

Santé publique et réglementation locale : Villeurbanne durcit
l’interdiction

Ce gaz n’est pas considéré comme un stupéfiant, et même en cas
d’accident grave, aucune infraction spécifique ne peut être retenue
si sa consommation est la seule cause. Actuellement disponible en
vente libre sous forme de petites cartouches utilisées en
pâtisserie pour les siphons à crème chantilly, son statut pourrait
néanmoins changer dans les mois à venir.

Mais face aux ravages, des villes serrent déjà la vis. À
Villeurbanne, la détention et le port de cartouches de plus de 8,6
g sur la voie publique sont désormais interdits pour toute personne
dépourvue d’usage professionnel, mineurs comme majeurs. « En
lien avec l’évolution de la réglementation nationale encadrant la
vente de protoxyde d’azote, la Ville renforce son arrêté afin de
permettre une intervention plus efficace des agents de
police », annonce Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne,
par voie de communiqué. « La détention simple de bonbonnes ou de
cartouches en dehors d’un usage professionnel ou culinaire
constitue désormais une infraction, pour les personnes mineures et
majeures », rappelle encore la Ville. Pour les mineurs, toute
détention dans l’espace public est interdite, et l’abandon de
cartouches reste « strictement prohibé ». Les contrevenants
s’exposent à une amende de 35 euros.

Une hausse flagrante de la consommation de protoxyde
d’azote

Le sujet est aussi sanitaire. Selon la Fondation Vinci
Autoroutes, « le nombre de bonbonnes de protoxyde d’azote jetées
par la fenêtre des voitures et retrouvées au bord des voies ou sur
les aires est en constante augmentation ». Son enquête sur plus
de 2 200 personnes pointe un usage massif chez les jeunes : un
moins de 35 ans sur 10 a déjà consommé, et parmi eux un sur deux en
conduisant ; 6 % des moins de 25 ans l’ont pris avant de conduire,
6 % en conduisant, 9 % ont déjà été passagers d’un conducteur ayant
consommé ; 10 % des 16 à 24 ans estiment que consommer en
conduisant n’est pas dangereux. « Sur la route, les conséquences
de cette pratique peuvent être dramatiques pour les conducteurs
eux-mêmes, leurs passagers et les autres usagers exposés à des
véhicules hors de contrôle », alerte Bernadette Moreau,
déléguée générale de la Fondation.

À Lyon, les Hospices civils de Lyon ont mis en place une
téléconsultation dédiée et plus d’une trentaine de patients ont été
hospitalisés en 2024. Pour Guillaume Grzych, président du réseau
Protoside, c’est « un problème de santé publique largement
sous-estimé » et il appelle à « prévenir mieux, détecter
plus tôt et déployer des actions concrètes ».